Chapeau melon et bottes de cuir / The Avengers
Chapeau melon et bottes de cuir / The Avengers
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> Contexte général
> Chronique succincte et néanmoins détaillée de Diadem
> Chronique succincte et néanmoins détaillée de Minikillers
> Conclusion définitivement provisoire…

Das Diadem est le plus surprenant de ces deux petits films et, en même temps, celui qui paradoxalement a le moins de sens ou de lisibilité, au premier abord en tout cas. Il a gagné notre préférence sans difficulté. Il y a une réelle volonté esthétique dans ce court métrage, qui mélange plusieurs genres ou intonations. Certes, tout ceci est maladroit, mais pas complètement idiot ou inintéressant.
J’ai eu l’impression, toutes proportions gardées, n’exagérons rien (!!!), en le regardant pour la première fois, d’avoir affaire au Chien andalou de Buñuel. Surréaliste est le mot qui convient pour exprimer l’aspect plastique qui se dégage de cette dizaine de minutes en noir en blanc.
Il y a aussi certains éléments qui font songer à l’expressionnisme allemand. Le surréalisme étant lié à l’expressionnisme, bien évidemment.
L’objet même du diadème, qui donne son nom au film, étant plus symbolique qu’il n’y paraît d’emblée.
Mais qu’est-ce que l’expressionnisme en deux ou trois mots ?
Le cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene (1919)
L’expressionnisme allemand est un courant très important dans le cinéma muet des années 20 (et dans la littérature, premièrement). Un des modèles du genre est le film très célèbre de Robert Wiene, Le cabinet du Docteur Caligari, Metropolis, Les trois lumières (Der Müde Tod), la série des Mabuse de Fritz Lang ou encore les films de Murnau. Il se traduit par sa capacité de suggestion d’«émotions métaphysiques» transmises par la production d’images étranges, souvent peintes, et par un usage très maîtrisé de la lumière et des ombres. L’expressionnisme produit un décalage entre le réel du sens commun et celui qui est donné à percevoir, dans un halo d’étrangeté et de symbolisme. Un des épisodes des Avengers exploitera quelque peu ceci, pour une part en tout cas : Epic. Cet dernier épisode étant un hommage à divers genres cinématographiques ; nous y reviendrons dans une prochaine chronique. Au fond, ce symbolisme présente un monde en marge, un univers onirique, où le bizarre est le fin mot de l’histoire. Avec ses perspectives de cauchemar et ses maquillages semblables à des masques, les personnages errent dans un univers à la tonalité gothique.La conscience du spectateur se scinde et il doit trouver une voie inexplorée dans sa propre pensée, dans l’image qu’il projette en lui de l’univers qu’il habite. L’intrigue est hallucinée, l’atmosphère fantastique et invraisemblable. Le spectateur sombre dans une demi-conscience, comme s’il était sous l’usage de substances illicites. La rationalité n’est plus de mise. Avec ses perspectives de cauchemar et ses maquillages semblables à des masques, les personnages errent dans un univers à la tonalité gothique. La scène où Diana Rigg pénètre dans le repère des vilains emprunte à Horace Walpole et à Ann Radcliffe, pour ne citer que les références les plus notoires.
Le cinéma allemand n’a eu de cesse d'associer l'inspiration expressionniste aux thèmes classiques de la littérature fantastique et au roman gothique anglais, avec Bram Stoker qui inspira Nosferatu de Murnau. L’expressionnisme manifeste également un excès théâtral, très perceptible dans l’outrance des gestes et des situations.

Eu égard au fait que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir visionner ces deux courts-métrages, nous vous proposons un résumé détaillé à l’extrême.

Première partie :
«Emma Peel» pilote un avion. La musique ressemble à celle, bien connu des fans, qui accompagne de temps en temps l’héroïne des Avengers. C’est le «thème d’Emma». Un œil cadré en plan très rapproché nous fait songer au Joker. A peine atterrie, Emma se recoiffe d’un geste sensuel. Elle sort de l’avion, munie d’un petit coffre qui ressemble à s’y méprendre à un vanity-case – qui est le meilleur ami de la femme, comme chacun sait ! Puis, elle s’engouffre dans une Mercdes décapotable (une 300SL, si nous ne faisons pas erreur, n’étant pas fins connaisseurs des voitures allemandes) immatriculée XY25689 VOIR LA VIDÉO. Elle porte une micro-jupe, qui lui sied à ravir, ainsi qu’une veste assortie et une paire de longues bottes en cuir. Elle se gare devant une maison, qui a de bonnes chances d’être la sienne, dans un quartier résidentiel. Un plan rapproché sur son rétroviseur nous montre qu’elle est suivie et surveillée. Elle semble excessivement pressée et rentre en trombe dans cette maison, qui n’est pas fermée à clef ! L’intérieur de la maison est très cossu. Emma s’installe dans un canapé en cuir et ferme le coffre ambulant au moyen d’une clef qu’elle porte en pendentif. Puis, elle s'engouffre dans une Mercdes décapotable (une 300SL, si nous ne faisons pas erreur, n'étant pas fins connaisseurs des voitures allemandes) immatriculée XY25689.Elle dissimule la boîte dans un coffre mural encastré dans une bibliothèque et compose pour le spectateur un air très satisfait.
Un homme, chauve, aux yeux un peu charbonneux, l’espionne. Elle sort de sa maison, vêtue d’une chemise à jabot (très XIXe siècle, très gothique), d’un gilet sans manche, et d’un pantalon près du corps. Son allure est très décidée. Elle s’empare d’une bouteille d’oxygène, providentiellement placée dans son garage, ainsi que d’une combinaison. Nous avons droit à un mouvement de caméra qui offre une perspective en plongée.

Deuxième partie :
Nous retrouvons sans transition Emma en train de barboter avec des dauphins ! La scène est plutôt joliment filmée puisque le corps d’Emma se confond, pendant quelques instants, avec celui d’un dauphin. Elle n’a jamais paru autant sirène ! Mais un œil observe toujours notre héroïne favorite. Puis, l’œil indiscret devient une paire de jumelles. S’en suivent des séquences superposées à la vitesse grand V avec quelques notes d’une musique stridente à la Bernard Hermann dans Psycho. Tout ceci distille une certaine angoisse. Quelqu’un plonge à l’endroit précisément où Emma a nagé avec les dauphins, tandis que cette dernière rentre chez elle. Cet homme entièrement vêtu d’une combinaison et d’un masque de plongée cherche quelque chose dans l’eau. Emma aurait perdu un objet.
Tout à coup, Emma, de retour dans ses pénates, se rend compte qu’elle a perdu sa clef-pendentif dans l’eau et elle se précipite sur les lieux ! L’homme-grenouille s’apprête à sortir de l’eau mais s’engouffre à nouveau dans les flots lorsqu’il voit Emma se précipiter vers lui. Une grille se referme dans le bassin et le dissimule à notre vue. Emma essaie en vain d’ouvrir une porte qu’elle finit par faire sauter avec du plastique. Où l’avait-elle dissimulé ? Elle, qui ne s’embarrasse même pas d’un sac à main ! Elle se retrouve dans un lieu rempli de canalisations ; s’ensuit un jeu de cache-cache entre elle et l’homme à la combinaison de plongée. Alors, Emma poursuit l’homme à travers ce qui donne l’impression d’être une salle des machines d’un sous-marin ! L’homme dévisse une vanne et envoie un jet de pression ou de gaz toxique (je penche pour la seconde hypothèse, bien qu’elle soit peu plausible). Emma ne résiste guère à cet assaut. Un gros plan indique «Exit» à côté d’une échelle en métal qu’il lui suffirait de gravir afin de respirer de l’air pur. Cette pancarte fait peu sérieux ; elle a son pendant plus loin dans le film avec celle qui indique une «déviation ». Finalement, elle parvient à s’enfuir et se retrouve dehors ! Elle se jette dans sa luxueuse automobile et file chez elle … pour s’installer confortablement dans son canapé et boire une coupe de champagne ! Le coffre ouvert nous laisse contempler son contenu : une authentique tirelire en forme de petit cochon !!! Emma se ressert une coupe, à côté de l'homme évanoui. On saluera cet esprit de dérision.Cette attitude est très emmapeelesque, quand on y songe.
Au même moment, d’autres lèvres embrassent un verre d’alcool, celles d’un homme très brun, au profil grec, entourée de jeunes femmes et de toute une clique, dans un lieu qui pourrait être un bar.
Emma reçoit l’appel téléphonique d’un homme qui tient entre ses mains la clef de son coffre. Visiblement, il lui propose un marché. Emma finit sa coupe. Puis, soudain, une idée lui traverse l’esprit et elle reprend sa course. Elle arrive à l’endroit que nous évoquions précédemment. Un homme lui fait de l’œil. Mais Emma cherche son homme. Comment pourrait-elle le reconnaître ? Des bouches d’hommes filmées en gros plan semblent prêtes à la dévorer. Elle manifeste son inquiétude. Elle s’enfuit.
Pendant ce temps, l’homme qui a volé sa clef est en train, dans sa maison, d’ouvrir son petit coffre ! Emma rentre chez elle, le surprend la main dans le sac et lui assène quelques coups de pieds choisis. Il ramasse un revolver. Un corps à corps a lieu, dont Emma sort victorieuse. La séquence est familière pour les fans des Avengers. Le coffre ouvert nous laisse contempler son contenu : une authentique tirelire en forme de petit cochon !!! Emma se ressert une coupe, à côté de l’homme évanoui. On saluera cet esprit de dérision.

Troisième partie
Emma, dans sa voiture. Une main dessine un trajet sur une carte. Probablement s’agit-il de celui qu’emprunte Emma. Elle roule vite. Un homme la prend en chasse. Un autre individu, portant un bas de nylon sur le visage, se précipite sur la route et dépose un panneau («Umleitung» : «déviation» en allemand). Il converse par talkie-walkie avec le conducteur. On se croirait dans un cartoon, tant tout ceci n’a rien de vraisemblable. Emma ne se laisse pas prendre dans ce piège grossier et poursuit sa route. Le conducteur informe son complice de l’échec de leur plan. Celui-ci est dans une maison à l’apparence luxueuse. Il sort un serpent (à sonnette ?) d’une jarre et le laisse tomber à terre. Emma se gare devant cette maison. Elle y entre. Les portes ne sont-elles jamais fermées à clef ? Diantre ! Pour toute lumière, une bougie allumée. Emma s’en saisit. Le serpent progresse à terre. Dans sa direction. Il frôle son pied. Elle observe la maison, distinguée par des tableaux de maître et par des objets lourds. Un fragment de bas-relief accroché quelque part retient son attention. Dans un miroir, elle contemple, à la lueur de sa chandelle, son reflet et aperçoit une main gantée au bout de laquelle se tient un revolver VOIR LA VIDÉO. Elle laisse tomber la bougie et se bat avec l’homme au bas nylon. Elle le met K.O., puis se débarrasse de son acolyte avec autant de facilité. Un diadème en diamants gît à terre. Elle roule vite. Un homme la prend en chasse. Un autre individu, portant un bas de nylon sur le visage, se précipite sur la route et dépose un panneau («Umleitung» : «déviation» en allemand). Il converse par talkie-walkie avec le conducteur.Elle le ramasse. On se doute qu’il s’agit du contenu dérobé de son coffre. Elle s’enfuit par un escalier en colimaçon (élément une fois de plus au service de l’atmosphère souterraine et spiralée du film). Les deux hommes se réveillent entre-temps et la poursuivent. Elle se camoufle dans un grand coffre. Un des hommes mitraille ledit meuble. On pense légitimement qu’il en est finit de cette vaillante Emma. Que nenni ! Lorsqu’ils ouvrent le coffre, il est vide… Quel tour de passe-passe ! Le coffre donne, en fait, accès à un souterrain (loi du roman gothique s’il en est !).
Pendant ce temps, l’homme qu’elle avait laissé assommé chez elle arrive. Le serpent le tue. Aussi sec ! Une image est extrêmement expressionniste : celle où le serpent s’enroule autour de son cou.
Emma se rend au bord d’un bassin où pataugent des cygnes ! Visiblement, elle a envie de se débarrasser de quelque chose. Elle retourne à la maison des vilains de service et combat à nouveau avec eux ! Elle ne leur laisse, bien entendu, aucune chance. Le combat est inéquitable face à une telle tigresse… Ils se retrouvent donc à l’eau. Elle se recoiffe et fait des mamours à un cygne, puis se met à rire.
Un des hommes sort de l’eau, piteux. Emma est dans sa voiture et roule en direction de sa maison. Le film s’arrête à cet instant précis.

Hypothèses

1/ Le diadème, le cygne et le dauphin, qui sont les trois éléments proéminents de ce court-métrage, appartiennent au langage de l’astronomie profane et il serait très curieux que cette congruence de symboles soit le fait d’une simple coïncidence.
Voici ce que nous disent les légendes attachées aux constellations :
* Ariane, abandonnée par Thésée, alors qu'elle l'avait sauvé du labyrinthe, devint inconsolable. Sa tristesse la dévore. Bacchus, ému, lui offrit un sublime diadème. A la mort d'Ariane, cette couronne fut conservée dans le ciel. Plus tard, les pierres précieuses furent transformées en étoiles.
* Arion de Méthymne, poète et musicien, se jeta à la mer pour fuir l'équipage rebelle de son bateau. Un dauphin attiré par les sons de sa lyre, le sauva et l'emmena en lieu sûr, au cap Ténare, en Grande-Grèce. Ce Dauphin brille dans le ciel en hommage à son amitié envers l'homme.
* La première occurrence du Cygne fait référence à la trace laissée par un incendie qui subsiste dans le Ciel et qui constitue la Voie lactée. Cet incendie fut provoqué par La première occurrence du Cygne fait référence à la trace laissée par un incendie qui subsiste dans le Ciel et qui constitue la Voie lactée.Phaéton - fils d'Hélios et de la nymphe Clyméné - qui un jour emprunta le chariot de feu de son père, afin de prouver à tous ses origines divines, car elles étaient contestées. Mais, pendant sa démonstration, il mit le feu sur la Terre ainsi qu'à la01.11.2006é, le précipita dans l'Eridan après l'avoir foudroyé. Mais Cnidus, ami de Phaéton, supplia Zeus de lui pardonner et de le sauver. Alors Zeus plaça Cnidus dans la Voie Lactée, comme symbole de l'amitié fidèle. On peut encore le voir sous la forme de la constellation du Cygne dans les vestiges de l'incendie provoqués par son ami Phaéton. On dit aussi que Cygnus était un héros Troyen tué par Achille et transformé en un Cygne blanc par son père Poséidon et placé dans le Ciel.

2/ La mythologie gréco-romaine lie ces trois éléments : le cygne et le dauphin sont les attributs d’Aphrodite (Vénus) et son mari, Héphaïstos, lui confectionna une parure de bijoux… dont sûrement un diadème…
L’astronomie et la mythologie sont attachées et l’on pourrait citer une multitude de cas reprenant ces trois symboles, avec des variantes. Il est donc difficile de se prononcer sur les idées du «réalisateur» de Diadem. Probablement est-ce accorder trop de sérieux au projet. Mais sait-on jamais…

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